Ou comment un présidentiable sabote le développement de l'ile de France à l'aide d'un budget qui n'est pas à lui dans l'intérèt de sa seule commune sans que personne ne réagisse
Le gouvernement aide au plan de relance de la Défense contre la région Ile-de-France
Le président du conseil régional d'Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, devait présenter, mercredi 29 novembre, aux élus franciliens le futur schéma directeur régional de l'Ile-de-France (Sdrif). Ce document stratégique organise un plan de bataille pour parvenir, en vingt ans, à construire 60 000 logements par an - contre 43 000 aujourd'hui -, pour développer les transports en commun et pour attirer un plus grand nombre d'entreprises à l'est de la région.
Cette volonté de rééquilibrage de l'activité économique pourrait être battue en brèche par le plan de relance du quartier d'affaires de la Défense, à l'ouest de la capitale. La nouvelle vie du premier centre d'affaires d'Europe a été voulue et imposée, par Nicolas Sarkozy, président de l'Etablissement public de la Défense (EPAD) jusqu'en juillet. Le plan prévoit d'ici à 2013 au moins 350 000 m2 de nouveaux bureaux.
Le gouvernement s'apprête à donner un coup de pouce à cette ambition. Il prévoit d'exonérer de la redevance sur les bureaux les promoteurs qui démoliront et construiront sur des surfaces déjà bâties dans le quartier. Cette disposition, prévue dans le projet de loi de finances rectificative pour 2007, sera examinée, mercredi, en commission des finances de l'Assemblée nationale. Et sans doute votée le 7 décembre.
La mesure conditionne la réussite du plan de relance de la Défense. Dix-sept tours, soit près de 20 % de la surface totale, sont anciennes et certaines sont amiantées. En supprimant la taxe sur les reconstructions, le gouvernement veut encourager les promoteurs à les démolir. Mais cette taxe était jusqu'ici perçue par le conseil régional. Le manque à gagner pourrait être de 36 millions d'euros.
Les élus régionaux Verts crient au "hold-up sur les finances" de la collectivité. Seules les zones franches bénéficiaient d'exonérations fiscales pour la construction, soulignent-ils. M. Huchon vient d'écrire à Thierry Breton, ministre de l'économie et des finances, pour se plaindre de ce qu'il considère comme "une catastrophe financière" pour la collectivité et "une bêtise monstrueuse en termes d'aménagement du territoire". La région continuera de percevoir la taxe sur les bureaux construits sur des nouvelles surfaces.
Béatrice Jérôme
Article paru dans l'édition du Monde du 30.11.06